Lorsque l’on parle de confiance en soi, on a tendance a parler de tout et de rien. Dans le cadre sportif, la confiance en soi est considérée dans son sens stricte, car c’est une habileté mentale. Il est donc important de définir qu’est-ce que la confiance en soi, et quelle est son rôle dans la pratique d’un sport, ici dans le pole sport, afin de comprendre comment la pole influence la confiance en soi.

Pour t’aider un peu dans tout ce klingon (car on ne dit plus chinois), voici les notions théoriques autour de la confiance en soi.

La confiance en soi

La confiance en soi peut être appréhendée telle une pyramide[1], avec à sa base l’estime de soi, en son centre la confiance au sens strict, et au sommet l’affirmation de soi.


L’estime de soi, c’est l’estimation de notre propre valeur par soi-même. C’est un jugement de valeur global que nous portons sur notre personne[2]. Avoir une bonne estime de soi, c’est ne pas remettre sa propre valeur en cause, ni à travers ses actions, ni à travers ses échecs, ni à travers ses relations avec les autres. C’est avoir confiance en soi-même.

La confiance en soi, dans sa définition stricte d’habileté mentale, est « la conviction d’avoir en soi les ressources nécessaires pour faire face à un genre de situation particulière ». C’est notre sentiment de compétence personnelle, d’auto-efficacité, notre capacité à agir,  à décider, à effectuer et à mener au bout des projets.[3]

L’affirmation de soi, c’est notre capacité à intéragir avec les autres. Nous vivons avec un « support social », soit l’aide et le soutien que nous apporte les autres. Une bonne affirmation de soi permet d’exprimer nos désirs et besoins, tout en écoutant et respectant ceux des autres.

Ainsi, l’affirmation de soi est notre confiance dans l’expression de notre moi authentique et l’écoute de celui des autres. C’est notre capacité à rester nous-même, avec nos valeurs et nos croyances, sans que les remarques des autres n’impactent notre pyramide.

Avec la lecture de ce schéma, nous comprenons que la confiance en soi est liée à l’estime et l’affirmation de soi, qui peuvent donc l’influencer. A l’image d’une pyramide de verres de champagne, si on remplis le sommet de la pyramide, les verres en dessous se rempliront par ruissellement. Ainsi, s’affirmer en respectant les autre permet de d’améliorer sa confiance en soi et en ses compétences.[4] Cette technique de ruissellement fonctionne de l’affirmation vers la confiance et de la confiance vers l’estime de soi.

A l’inverse, un travail sur la base de la pyramide, sur l’estime de soi, permet d’avoir une meilleure vision de soi même, et par accumulation, de ses compétences. Le principe de l’accumulation (débuter à la base de la pyramide) est l’approche « naturelle », celle que l’on apprend dès l’enfance. La technique d’accumulation peut aussi partir depuis la confiance en soi et monter pour nourrir l’affirmation de soi.

Confiance spécifique vs confiance globale

L’influence du sport sur sa confiance en soi
spécifique influence la perception de sa valeur physique. Cette dernière est
une composante de l’estime de soi, qui caractérise le rapport au corps de notre
propre individualité, l’estime qu’on porte à son corps.

Fox & Corbin[4] on définit le premier instrument de mesure de l’estime corporelle (PSPP) en
1989. Dans cette version, ce test mesure la valeur physique perçue, qui va rassembler le sentiment de fierté, de respect de soi, de satisfaction et de confiance dans le soi physique, dans chacun des quatre sous-domaines représenté ci-dessous.

A la base de la confiance en soi globale, ce trouve l’estime de soi. Dans un cadre sportif, notamment un sport de représentation comme le pole sport, c’est la valeur physique perçue qui est en lien direct avec la confiance en soi spécifique sportive. Et cette perception de nous-même étant une valeur, elle transcende le domaine spécifique pour aller dans la vie réelle.

Confiance spécifique vs confiance globale

La différence entre ces deux termes est que, lorsque l’on parle de confiance spécifique, on parle d’une confiance qui ne s’applique qu’à un domaine. La confiance globale, quant à elle,  s’appliquerait à l’ensemble de nos compétences.

Abraham Maslow, ainsi que d’autres chercheur, a insisté dans ses écrits sur la différence entre la confiance en soi générale (globale), qui est un trait de personnalité ainsi qu’une composante de l’estime, et la confiance en soi
spécifique, qu’il nomme l’auto-efficacité.

  •          Confiance spécifique : C’est la conviction d’avoir en soi les ressources nécessaires pour faire face à un
    genre de situation précis
    . C’est la confiance de réussir spécifiquement dans une tâche ou un domaine de compétence. Cette confiance porte aussi le nom d’auto-efficacité dans les écrits de Maslow. Par exemple : On peut avoir confiance en soi en pole mais pas en ski.
  •          Confiance globale : C’est d’avoir la conviction que, quelque soit la situation qui se présente, nous avoir les ressources nécessaires pour y faire face. C’est aussi avoir un réalisme face à nos ressources et savoir si nous avons la capacité ou non de gérer la situation dans l’immédiat.

Ainsi, cette confiance relève plus d’un trait de personnalité, de résilience, d’une conviction de savoir trouver les ressources pour répondre à une tâche. C’est donc l’ensemble de la pyramide, vue sous le spectre de la confiance en soi.

Par définition, un sport va développer la confiance spécifique de l’étudiant, soit sa conviction qu’il a la capacités d’exécuter ce sport. En effet, plus l’on progresse, plus on est convaincu de pouvoir s’améliorer dans nos capacités et réussir nos objectifs.

L’auto-efficacité dans un domaine va nourrir le centre de la pyramide. Plus on gagne de confiance spécifique dans divers domaines, plus notre cerveau est enclin à penser que nous sommes capable de trouver des ressources pour toutes situations.


La confiance spécifique chez le sportif.

Les habiletés physiques ne sont pas les seuls éléments engagés lors de la pratique d’un sport. Sans habiletés mentales, telles que l’ambition ou l’engagement, le sportif ne viendrait pas aux entrainements. Chez un sportif d’élite, ces habiletés sont nécessaires pour percer.

Il faut surtout des qualités mentales. Les qualités techniques jouent mais à un degré moindre. A mes débuts, des joueurs avec des qualités techniques, il y en avait des wagons, et de meilleurs que moi ; par contre, il leur manquait le mental. Sans ce mental, et seulement avec mes qualités physiques, je pense que je n’y serais pas arrivé

Afin de définir quelles sont les habiletés mentales nécessaire à un sportif, des recherches ont étés faites par les psychologues Durand-Bush & Salmela, qui ont aboutis au questionnaire OMSAT en 1995[1].

Cette thèse leur a permis de définir 12 habiletés mentales nécessaires à la pratique sportive professionnelle. Habiletés qu’un sportif amateur peut avoir entièrement ou en partie. Ces douzes habiletés sont classées en pyramide, de la plus importante à la moins importante.

La base de la pyramide se compose de trois habiletés : l’engagement, le but et la confiance en soi. Cette base de trois habiletés est nécessaire à tout sportif, ne serait-ce que pour débuter son sport.

La première habileté est l’engagement. L’engagement est la volonté de faire un sport, le fait d’aller aux entrainement et de s’engager envers soit même à pratiquer une activité physique. C’est la détermination, la motivation à accomplir ses buts.

L’établissement de buts est aussi l’ambition du sportif, qu’il soit professionnel ou amateur. Il se fixe des objectifs quant à sa pratique et dans différents domaines : les performances, de résultat ou encore de processus.

La confiance en soi, c’est notre capacité de croire que nous avons le potentiel en nous pour réussir à pratiquer ce sport. C’est aussi la confiance de savoir que si on n’arrive pas un moment tout de suite, nous avons la capacité d’apprendre et de nous améliorer avec le temps.

Dans le questionnaire OMSAT, le niveau de confiance en soi est défini par quatre affirmations

  • Je crois que je peux réussir mon sport malgré tous les obstacles que je rencontre.
  • J’agis avec confiance même dans des situations sportives difficiles.
  • Je crois que je suis capable d’atteindre mes buts
  • Je suis confiant dans la plupart des éléments de ma performance.

La confiance en soi sportive est ainsi définie par des termes liés à la performance : réussir, agir, atteindre ses buts, et bien sur le mot performance. La performance est alors un indicateur de l’obtension des capacités sportives, et son augmentation permettra de forger la confiance de l’athlète dans des capacités.

C’est donc par l’entrainement de figures, de routines, de mouvements que le sportif va augmenter sa capacité sportives relatives à ce sport. Et à travers la répétition, il va acquérir la sécurité que cette capacité est acquise par son corps. Ainsi, il augmente son niveau de confiance en soi spécifique.

 

Ces quatre questions ont été posées dans le sondage, dans le contexte du pole sport et dans le contexte de vie en général. Le but était d’établir si les participants avait une confiance en soi spécifique plus élevée que leur confiance globale. L’analyse des résultats a montré que la confiance du groupe dans leur performance est la même qu’elle soit en pole ou dans la vie. De manière individuelle, il y a peu de variations entre ces deux points.

Le soutien externe

Dans leur étude, Paul Freeman et Tim Rees[1] expliquent que lorsque le sportif est confronté à un stress en pratiquant son sport (une compétition, une chute…), sa confiance en lui diminue. Cependant, le soutien émotionnel et informatif d’une équipe permet de réduire la mesure dans laquelle la confiance est impactée. A des niveaux de soutien élevé, le stress n’a plus d’influence sur la confiance.

Pour un athlète, la confiance en soi est liée à la performance. La perte de sa confiance en soi face à un stress peut lui faire perdre ses repères, oublier ses mouvements ou échouer inconsciemment pour prouver qu’il a raison de ne pas avoir confiance en lui.

Le soutien externe peut se produire avant et/ou après le stress générateur de perte de confiance. Ce soutien peut être apporté par l’équipe, par les autres pratiquants, l’entourage et par l’entraineur.

Le rôle d’un coach (ou entraineur) est d’amener les élèves à leurs objectifs. Un coach est un soutien permanent, il encourage l’effort et non la réussite, de manière émotionnelle et instructive. Cette position permettra à l’élève de développer ses compétences en gardant confiance en lui. En pédagogue, le coach lui apprend à être fier de lui et de ses progrès, ce qui augmentera la perception de ses valeur de son soi physique, et de son estime générale.

Selon Albert Bandura[3], c’est le sentiment d’efficacité personnelle qui permet d’améliorer sa confiance en soi. Pour améliorer sa confiance dans ses capacités sportives, il faut acquérir les compétences nécessaires à la pratique du sport. Une fois les compétences acquises, le sportif sent une fierté d’avoir réussi une figure sur le plan mécanique.

[1] Durand-Bush&Salmela. The Ottawa mental skills assessment tool (OMSAT-3). Thèse. 1995

[2] Paul Freeman et Tim Rees, « Perceived social support from team-mates: Direct and stress-buffering effects on self-confidence », European Journal of Sport Science, vol. 10, no 1,‎ 1er janvier 2010, p. 59–67 (ISSN 1746-1391DOI 10.1080/17461390903049998)

[3] Albert Bandura. Self efficaity, advances in behavior research and therapy, 1975

[4] Fox&Corbin. Physical Self-Perception ProfIle (PSPP). 1989

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